Rencontre avec le PGHM de Chamonix

Découvrez ce qu'est le PGHM (Peloton de gendarmerie de haute montagne) et leurs missions

·         Quelle est l'histoire de la création du PGHM?

Cela a commencé avec le début de l'alpinisme au XIXème siècle, le secours était alors fait par les guides locaux car il n'y avait pas encore de corporation nationale de secours en montagne.

En 1956, il y a l'affaire Vincendon et Henry (deux étudiants et alpinistes tentent une ascension du Mont Blanc mais périssent après plusieurs jours d'agonie) qui est très médiatisée.

Suite à cette affaire, il a été décidé de créer des corporations pour le secours en montagne proposé au début par des militaires qui étaient dans la vallée de Chamonix. Par la suite a été créée le premier peloton de gendarmerie à Chamonix en 1958. Il existe aussi les CRS montagne qui sont des unités de la Police nationale, les pompiers ainsi que des sociétés de secours civiles qui font du secours en montagne et qui prête main forte sur des recherches de personnes ou sur des grosses opérations au PGHM.

 

·         Quelles sont vos missions?

Nous sommes gendarmes au minimum sous-officier, on nous représente généralement comme un triptyque avec le côté secouriste, le côté judiciaire et la partie montagne.

On intervient sur le domaine skiable et la montagne pour prêter main forte aux médecins (partie secours). Si besoin, des enquêtes (partie judiciaire) sont établies (90% des secouristes PGHM sont officiers de police judicaire, OPJ)

Nous faisons aussi des contrôles de professionnel comme des guides de hautes montagnes, parapente, moniteur de ski pour s'assurer qu'ils ont bien les diplômes adéquats pour enseigner.

 

·         Quelles sont vos interventions les plus fréquentes ?

A Chamonix, on peut faire du secours classique, de la bobologie (entorse de cheville des randonneurs, entorse du genou des skieurs en vallée blanche), intervention sur le domaine skiable pour les accidents graves qui nécessite le médecin, aux secours techniques dans les grandes faces ou des secours d'ampleur avec multi-victimes.

 Nous avons la particularité ici d'avoir pas mal de haute montagne donc des alpinistes bloqués et/ou blessés ainsi que dans des crevasses sur le domaine glaciaire de la Vallée blanche.

 

·         Quelles sont les aptitudes à avoir pour rentrer dans le PGHM?

Bien évidemment il faut être montagnard, beaucoup d'entre nous sont guides de hautes montagnes et/ou moniteurs de ski.

Être passionné de secours et d'assistance à la personne sont également des qualités à avoir.

On est tous gendarmes sous-officier, donc on est passé par l'école de gendarmerie, 8 mois de formation générale et après nous passons des stages au centre de formation de Chamonix. Il faut prévoir 4 ans de formation pour pouvoir prétendre à passer les tests de sélection pour rentrer au PGHM. Nous sommes environ 250 personnes et il y a généralement 6 à 7 places par an suite au départ en retraite.

Nous avons trois officiers qui sont au pôle commandement.

 

·         Comment est organisé le PGHM?

Le bureau commandement et prise d'alerte est situé au centre-ville au PGHM à Chamonix, c'est le centre de régulation des appels

Les professionnels de la montagne (pisteurs, secouristes) peuvent nous joindre directement par radio

Ils peuvent être contactés par leur ligne directe soit en faisant le 18 ou 112 qui retransmettra l'appel pour traiter l'alerte. En sachant qu'à Chamonix nous pouvons faire la régulation médicale car nous avons toujours un médecin de permanence capable de la faire sur le massif du midi.

Une fois l'alerte traitée, ils la retransmettre à la DZ des bois où il y a quatre secouristes, un pilote et un mécanicien, tous de permanence prêt à partir avec l'hélicoptère. Généralement ce sont des équipes de deux qui partent faire le secours.

Leur zone géographique comprend le massif du Mont Blanc, les aiguilles rouges jusqu'au Contamines Montjoie ainsi que les stations de ski (Contamines, Saint Gervais, Megève)

 

·         Pouvez-vous nous faire part d'une intervention qui vous a marqué?

"Je me souviens d'une intervention ou je suis descendue au fond d'une roture (grosse crevasse située entre la montagne, le rocher et le glacier) car quelqu'un était tombé suite à une mauvaise manip' en rappel. Malheureusement, l'hélicoptère n'avait pas pu nous déposer sur place à cause du vent donc nous avions du tout faire à pied en limitant donc notre matériel. Une fois sur place, je me suis fait descendre grâce à un collègue qui m'a mouliné jusqu'à lui, mais malheureusement nous n'avions pas assez de matériel pour la sortir rapidement. J'ai donc dû rester avec elle un long moment avant de pouvoir la sortir seulement à la tombée de la nuit mais malheureusement décédé. Toutes les interventions ne se finissent pas comme ça mais c'est évident des choses qui nous marquent.

 

 

Nous tenions à remercier le PGHM de Chamonix pour leur accueil et leur dévouement sans faille à la sécurité en montagne. C'est grâce à chaque intervention réalisée, que leur expérience et adaptabilité s'accroît pour sauver des vies.

Le PGHM en quelques chiffres:

1200 secours par an

10/12 secours par grosses journées

Autant d'interventions en été qu'en hiver